C’est une citation de Claude Lévi-Strauss (1908-2009), anthropologue et ethnologue français, membre de l’Académie Française.
Il est bien difficile, voire impossible, d’imaginer un monde dans lequel on ne parlerait qu’une seule langue.
Certains en rêvent et souhaiteraient ne voir qu’une langue unique, facile à apprendre et à maîtriser, utilisée de par le monde à l’exclusion de toutes les autres.
On peut penser bien sûr à l’espéranto, mais cette langue n’a pas été créée dans le but de remplacer les autres langues ; l’intention de son créateur, Zamenhof, était plutôt de proposer une langue internationale qui permettrait à des personnes de nationalités et de langues maternelles différentes de communiquer facilement entre elles dans une langue dont l’apprentissage est particulièrement aisé.
« Un monde dans lequel ne serait plus parlée qu’une seule langue serait un monde d’une effroyable solitude. »
Ce dont parle Claude Lévi-Strauss ici est bien différent : il imagine l’humanité entière ne parler qu’une seule et unique langue.
Dès lors, quid de tout ce que contient et véhicule une langue ? Idées, concepts, culture, appréhension de l’autre et de son environnement… La diversité des langues de par le monde n’est-elle pas une garantie contre cette effroyable solitude ?
Et vous qui lisez cet article du Coin langues et qui, donc, vous intéressez très probablement aux langues étrangères, qu’en pensez-vous ? Pouvez-vous imaginer un monde sans la riche diversité des langues ? D’après vous, quelles seraient les conséquences si nous en venions à ne plus parler qu’une seule langue ?
Oui ce serait bien triste! Déjà cette uniformité se ressent sur le plan commercial; les grandes chaines comme H&M, Zara, Gap, Ikéa, Mac Donald, entre autres, qui envahissent les grandes avenues de toutes les grandes villes au détriment des petites boutiques ont anéanti le plaisir que l’on pouvait éprouver en voyageant et en découvrant les rues d’une nouvelle ville. Paris, Londres, New York, Barcelone, Tokyo, elles se ressemblent toutes…
Cependant, je ne conçois pas une langue unique en tout point, parlée par tous les citoyens du monde; une langue de base, peut-être (l’anglais n’est-il pas en passe de le devenir?), mais la langue d’un peuple reflète sa structure mentale et sa perception du monde, or on ne peut pas percevoir le monde de la même manière en Islande et en Afrique du Sud. Une langue unique comprendrait forcément une multitude de variantes linguistiques comme le Français Québécois, et de dialectes ne serait-ce que pour accommoder les différences géographiques, climatiques, modes de vie adaptés, ressources naturelles, faune et végétation. Il suffit de constater les différences entre le Français de France et le Français canadien, ou même l’Anglais tel qu’il est parlé en Grande Bretagne, sur le continent américain et en Inde… Bref on ne peut pas nier les différences culturelles et environnementales.
La diversité des langues représente la l’identité culturelle d’un peuple et la diversité des peuples. La diversité est une richesse qu’il faut valoriser et préserver.
Merci pour ce commentaire et ces réflexions enrichissantes et pertinentes à la fois. Je ne peux qu’être d’accord.
D’ailleurs, apprendre une langue, c’est apprendre beaucoup plus que la structure langagière, sa syntaxe et son vocabulaire.
De la même manière, traduire d’une langue à l’autre, c’est également beaucoup plus que la simple transposition de mots entre les deux langues.
Une langue contient en effet tout un monde, reflet de la vie et de la pensée des personnes qui la parlent. Ainsi, il me semble en effet inconcevable qu’une langue unique et semblable en tout point puisse supplanter les besoins d’exprimer les différences de toutes sortes d’un point du globe à l’autre.
Merci encore Christine d’avoir mis cela en valeur et bienvenue dans le Coin langues ! 🙂
En apprenant une langue c’est aussi la culture du pays que l’on apprend et en parlant de voyages avec une amie elle m’a dit j’ai découvert qu’il y a des mots qui n’existent pas dans d’autres pays. Exemple en Afrique il est difficile de traduire le mot stress car c’est une affection typiquement occidentale.
Merci Vero pour cette contribution qui nous rappelle qu’en effet, lorsque nous ne possédons pas un concept, le mot nous manque. J’ajouterai que ce phénomène est vrai aussi dans notre langue maternelle. Ainsi notre vocabulaire s’enrichit au fur et à mesure que nous découvrons, apprenons et développons le monde qui nous entoure, et enrichissons notre pensée.
L’exemple que vous donnez est d’autant plus parlant que le mot stress est justement un anglicisme, maintenant largement adopté et utilisé en français, mais qui n’a pas son équivalent précis en français. En français, si nous voulons éviter d’utiliser le mot stress, nous devons adapter (tension, pression, contrainte, selon le contexte), voire expliquer ce que nous voulons dire exactement avec beaucoup plus de mots !