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On : usage

Les clés pour bien comprendre et utiliser le pronom « on »

par | 20 Avr 2016 | Langue française

On décide d’apprendre le français et très rapidement, on rencontre le pronom « on », on apprend à l’utiliser, mais on continue parfois à se demander si l’on a bien compris comment l’utiliser, si l’on peut se permettre de l’utiliser à l’écrit comme à l’oral, et comment on accorde… Bref, on se pose beaucoup de questions et on a envie d’en savoir plus !

Mais qui est donc on ? Qui ce pronom représente-t-il ? Tout d’abord, notons que dans tous les cas, on est toujours sujet dans une phrase.

Dans le langage courant et à l’oral en particulier, on est le plus souvent utilisé à la place de nous :

  • Vous êtes prêts, les enfants ? On peut partir ? → Nous pouvons partir ?
  • Vous êtes arrivés à quelle heure ? – À 9 heures, on voulait arriver plus tôt, mais on a pris du retard sur la route à cause de la circulation → Nous voulions arriver plus tôt, mais nous avons pris du retard…

Ces exemples montrent comment on remplace le pronom personnel nous. La particularité dans ce cas vient du fait que malgré le sens pluriel de nous, on est un pronom singulier qui se conjugue comme il ou elle.

  • Nous avons soif → On a soif.
  • Nous sommes fatigués → On est fatigués.

Avez-vous remarqué ce qui ressemble ici à une incohérence ? On est au singulier, mais « fatigués » au pluriel ? En fait, en théorie vous avez le choix : certains livres de grammaire vous diront que lorsque le pronom on signifie nous, le verbe se conjugue toujours au singulier, mais l’adjectif ou le participe passé peut prendre soit le singulier, soit le pluriel.

Le verbe se conjugue en effet toujours au singulier. Toutefois, en pratique je recommande à mes stagiaires et étudiants d’appliquer l’accord en genre (féminin / masculin) et en nombre (singulier / pluriel). Pourquoi ? Et bien parce qu’en fait, les français font instinctivement l’accord à l’oral. La plupart du temps, l’accord ne s’entend pas ; par exemple, que l’on dise on est fatigué , on est fatigués, ou on est fatiguées, il n’y a aucune différence de prononciation.

Par contre, changeons d’exemple et utilisons « surpris ». Imaginons deux sœurs qui découvrent que pour une fois, leur frère s’est levé à l’heure pour partir à l’école. Elles diront alors « On est surprises ». Vous n’entendrez jamais des filles ou des femmes parlant d’elles-mêmes dire « On est surpris » (sans faire l’accord) !

Notons tout de même, que l’usage du on pour remplacer nous est généralement réservé à l’expression orale. À l’écrit, il est souvent recommandé d’utiliser nous. Vous avez pourtant probablement déjà constaté une évolution assez rapide des habitudes du langage écrit, certainement accentuée par l’explosion inouïe de l’écrit due à l’usage sans précédent des forums, blogs, mails, sms, pages web, réseaux sociaux, etc. Cette évolution rend l’usage du pronom on pour nous de plus en plus courant. Par conséquent, je dirais plutôt que le pronom on remplaçant nous peut être utilisé à l’écrit aussi, mais pas dans un registre soutenu, formel ou officiel.

Si vous rédigez un courrier d’entreprise pour un fournisseur ou un client et que vous parlez de votre société, utilisez nous et évitez absolument on. Par exemple, écrivez : « Nous sommes heureux de vous informer que votre commande est prête. » et non « On est heureux de vous informer que votre commande est prête. »

Notons également que le pronom on peut aussi remplacer les pronoms personnels tu, vous et plus rarement je. Dans ce cas, les mêmes règles d’accord s’appliquent, en genre et en nombre. Voici quelques exemples :

  • Alors Élise, tu as bien dormi, tu t’es bien reposée ?→ Alors Élise, on a bien dormi, on est bien reposée ?
  • Bien, vous êtes prêts pour l’examen ? → Bien, on est prêts pour l’examen ?
  • J’ai préparé une expérience scientifique ; je noterai les résultats plus tard. → On a préparé une expérience scientifique ; ensuite on notera les résultats.


On peut également avoir d’autres significations. Dans tous les cas où on ne signifie pas nous, tu, vous, je, il est toujours singulier et l’adjectif ou le participe passé restent au singulier.

On peut représenter les gens en général, quelqu’un (une personne indéterminée, n’importe qui), des personnes indéterminées, ou tout le monde :

  • En général, les gens dorment mieux lorsqu’ils sont fatigués. → En général, on dort mieux lorqu’on est fatigué.
  • Tiens, quelqu’un a sonné ! Tu veux bien aller ouvrir la porte et voir qui c’est ? →Tiens, on a sonné ! Tu veux bien aller ouvrir la porte et voir qui c’est ?
  • Il y a une bonne ambiance ce soir ici, des personnes s’amusent bien apparemment → Il y a une bonne ambiance ce soir ici, on s’amuse bien apparemment.
  • Tout le monde veut être heureux. –> On veut (tous) être heureux.

Pour finir, je voudrais souligner qu’après les mots et, ou, , que, à qui et si, il est possible de remplacer on par l’on. Dans ces cas, l’on évite des dissonances et est donc considéré comme plus élégant. Attention toutefois à ne jamais placer l’on en début de phrase !

Et voilà ! Vous avez maintenant les clés pour bien comprendre et utiliser on 🙂

Terminons par un proverbe français courant dans lequel on 😉 utilise le mot on :

C’est en forgeant qu’on devient forgeron

Autrement dit, c’est en pratiquant qu’on gagne en expérience et en compétence : c’est vrai aussi pour l’apprentissage des langues étrangères ! 😉

 

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10 Commentaires

  1. Christine Chevalier

    Bravo pour la clarté de ces explications…as usual !

    Réponse
    • Yolaine

      Merci Christine, je suis ravie que mes explications soient claires, c’est important ! 🙂

      Réponse
  2. Ralph

    Merci Yolaine ton explication est très claire. On pourra la retravailler durant nos prochains cours.

    Réponse
    • Yolaine

      Bien sûr, Ralph ! D’ailleurs, c’est déjà prévu au programme de la prochaine formation de français écrit / orthographe !
      Et merci pour ce commentaire bien sympathique. 🙂

      Réponse
  3. Laura Steing

    Je préciserai également que si le « on » est largement utilisé dans le sens (les gens en général, quelqu’un (une personne indéterminée, n’importe qui), des personnes indéterminées, ou tout le monde) , c’est qu’il évite d’utiliser la forme passive.
    En effet, toutes les formes générales avec « on » peuvent se formuler avec le passif, et en anglais, on traduira toujours avec un passif (ou En anglais, ces formes seront toujours traduites par un passif).

    Réponse
    • Yolaine

      Bienvenue dans le Coin Langues Laura, et merci d’avoir noté que « on » peut remplacer une voix passive. C’est une remarque très pertinente !

      En effet la voix passive peut être évitée en utilisant « on » ; c’est souvent une bonne solution dans le langage courant et informel :

    • La décision a été prise – On a pris la décision
    • Ce système est utilisé depuis longtemps – On utilise ce système depuis longtemps
    • Par contre, dans certains cas, il est préférable de conserver la voix passive, en particulier dans des contextes plus formels, des notes d’instructions, des présentations officielles :

    • Notre nouveau produit sera lancé dans deux semaines (et non « On lancera notre produit dans deux semaines. » )
    • Dans d’autres cas, « on » ne remplace pas la voix passive, ou du moins pas facilement ou sans transformer la phrase considérablement. Parfois c’est tout simplement impossible :

    • On vient (= quelqu’un vient)
    • Ici, la voix passive est impossible parce que la phrase ne contient pas de complément d’objet, élément essentiel pour pouvoir faire une phrase à la voix passive.
      En anglais, la formulation contenant « on » sera traduite selon le contexte (we, you, they, it, one et la voix passive). Cela pourrait faire l’objet d’un article dans le futur, merci d’avoir soulevé cette question ! 🙂

      Réponse
  4. Yves Marcuard

    Excellente présentation, merci Yolaine.
    En tant que chercheur de petite bête patenté, j’ajouterais qu’il vaut peut-être la peine de noter l’usage du «soi» post-prépositionnel lorsque «on» a valeur indéfinie:
    Aux USA, au restaurant, les portions sont telles que souvent, amplement rassasié, on contemple avec hésitation l’assiette encore à moitié pleine que l’on a devant soi. Heureusement, on peut faire emballer ses restes, on les emporte avec soi, et une fois rentré chez soi, on les place dans le réfrigérateur.

    Réponse
    • Yolaine

      Merci Yves, à la fois pour ce gentil compliment et pour cet ajout très pertinent ! En effet, le pronom tonique relatif à on est « soi » (dans tous les cas, sauf lorsque on remplace « nous » : dans ce dernier cas, le pronom tonique est « nous »)
      Profitons-en d’ailleurs pour ajouter que l’adjectif possessif est son, sa, ses ; votre exemple le souligne parfaitement : « on peut emballer ses restes ». 🙂

      Réponse
  5. Martin D

    En allemand aussi c’est la voix passive qui est le plus souvent employée pour (bien) traduire le « on » français, en dépit du fait que la langue allemande offre aussi la possibilité du mot « man » (avec un seul N) dont la signification et la syntaxe sont proches du « on » français.

    Réponse
    • Yolaine

      Bienvenue dans Le Coin Langues, Martin, et merci d’avoir apporté ce commentaire qui nous en apprend plus sur la similitude entre l’allemand et le français. 🙂

      Réponse

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